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Entre plaidoyers et coups de gueules, les restaurateurs belge face au Covid

Les restaurateurs belges sont divisés - Unsplash

Dangereux, meurtrier, le Covid-19 est également sans pitié envers les restaurateurs, forcés de rester fermés depuis de longues semaines, et face à une situation critique pour affronter l’après. Mesures financières insuffisantes, peur d’être désertés par les clients… Et des réactions qui diffèrent, entre appels à la solidarité et à la raison. 

Le 22 avril dernier, certains des restaurateurs les plus acclamés (et étoilés) de Belgique, d’ordinaire concurrents dans la course aux clients et aux récompenses, se sont unis pour signer ensemble une carte blanche, diffusée dans La Libre. L’occasion, d’abord, de rappeler à quel point l’Horeca pèse dans la balance précaire qu’est l’économie belge: plus de 3 millions de repas par jour, 130 000 emplois, 35 000 indépendants, 60 000 entreprises et un chiffre d’affaires de 14 milliards d’euros. Mais aussi de dénoncer une situation qui les frappe (à nouveau) de plein fouet.

« Il s’agit aussi du secteur qui paie le plus de TVA (plus que les secteurs financiers, la poste et les télécommunications réunis), sans oublier la part importante des charges salariales par rapport au chiffre d’affaires. Après les attentats de 2016, le secteur de la gastronomie est à nouveau l’un des plus touchés par cette situation de crise sanitaire ».

Les solutions demandées? Notamment, que les instances décisionnaires décrètent l’état de catastrophe naturelle sanitaire pour le milieu de l’Horeca, mais aussi que le chômage économique pour force majeure soit accordé jusque fin 2020.

Les restaurateurs belges sont divisés - Unsplash

Des restaurateurs divisés

Une carte blanche signée notamment par Peter Goossens*** (Hof van Cleve), San Degeimbre** (L’air du temps), Yves Mattagne** (Sea Grill & Villa Lorraine) ou encore Maxime Collard** (La Table de Maxime), la carte blanche ayant fait table rase d’éventuelles rivalités et rassemblé des chefs étoilés des quatre coins de la Belgique. Ce qui ne veut pas dire pour autant que l’opinion défendue et les mesures demandées font l’unanimité parmi les restaurateurs. Parmi les absents dans les signataires de la carte blanche, Christophe Hardiquest, chef deux étoiles du Bon-Bon, à Bruxelles. Ainsi qu’il l’a confié à Olivier Mouton, rédacteur-en-chef adjoint du Vif L’Express, pour lui, ce n’est pas le moment de se plaindre.

« J’ai été contacté par les auteurs du texte et je leur ai expliqué que je ne souhaitais pas le signer. Ce n’est pas le moment de se plaindre. Cette crise sanitaire sans précédent doit au contraire être le moment de sortir de sa zone de confort et de se poser des questions au sujet de ce que nous faisons ».

Et de soutenir que « si nous n’avons plus les moyens d’avoir des restaurants gastronomiques tels qu’ils existent aujourd’hui, la vraie question est de savoir comment se renouveler. Le rôle d’un chef, c’est d’être créatif ». Un état d’esprit qui fait des émules, en France, où certains chefs étoilés n’ont pas attendu la fin du confinement pour faire preuve de créativité, Jean Sulpice, chef de l’Auberge du Père Bise à Talloires, restaurant deux étoiles de Haute-Savoie, ayant notamment organisé un service de « drive » calqué sur celui des fast-foods, sauf que forcément, ici, les plats sont gastronomiques. Interrogé par l’AFP, le chef alsacien doublement étoilé Olivier Nasti, lui aussi momentanément reconverti dans le drive, confie craindre l’après, dont il ne sait encore rien, si ce n’est que « les codes d’avant ne vont plus fonctionner, les gens auront la psychose d’aller au restaurant ».

Les restaurateurs belges sont divisés - Unsplash

« Plus de solidarité ou plus de pognon? »

De quoi pousser les restaurateurs étoilés belges rassemblés dans une carte blanche aux allures de plaidoyer à tirer la sonnette d’alarme: « certains de vos restaurants préférés où vous avez peut-être gardé un souvenir particulier sont amenés à disparaître ». Et d’appeler également, en plus des mesures de solidarité déjà évoquées ci-dessus, à ce que que la déductibilité fiscale des souches TVA passe à 100%. Une posture qui ne convainc pas Christophe Hardiquest: « j’en ai parfois marre de l’hypocrisie, cela me fatigue. On se dit solidaire, mais solidaire de quoi ? On veut plus d’humanité, plus de solidarité ou tout simplement plus de pognon ? ». Une question qui ne manquera pas de laisser un goût amer à certains…

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1 Commentaire

  • Reply
    Patrice
    5 mai 2020 at 7 h 19 min

    que les endroits réservés aux riches soient dans les problèmes ne m’en pose aucun à moi..

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