Le cocktail Flawless, le cocktail le plus cher du monde

Qu’est-ce que le cocktail Flawless ?

A Londres, le Movida Club se targue de proposer depuis 2007 le cocktail le plus cher du monde : le cocktail Flawless, pour la modique somme de £35.000 le verre. Si le lieu est bien connu des footballeurs, des super riches et autres VIPs de la City, on s’étonne toutefois de l’extravagance (et de l’indécence) de la boisson, en ce compris dans les plus hautes sphères.

Alors qu’outre-Manche la finance britannique retient son souffle devant l’incertitude d’un avenir hors de l’Union européenne, il est fort à parier que même une chute spectaculaire du cours de la livre ne suffira pas à adoucir l’addition. Mais qu’est-ce qui peut bien justifier une telle somme ?

D’un point de vue rationnel, lorsqu’il s’agit d’évaluer la qualité d’un spiritueux, il y a deux réflexes qui ne trompent pas. Primo, il est légitime de s’interroger sur les produits qui en sont à la base. Toutes choses étant égales, un whisky, obtenu à partir d’un malt, constitue un matériau jugé plus noble que la vodka, distillée à partir de céréales et de patates, mais inférieur au cognac, obtenu par distillation de vin de Cognac.

Secundo, les spiritueux les plus précieux sont généralement vieillis dans des fûts, dont le bois vient parfumer et colorer les distillats transparents pour leur conférer un goût unique. Plus l’alcool est conservé, plus il sera imprégné de ces saveurs. De même, plus le fût utilisé est rare – en fonction de ce qu’il a contenu par le passé – plus il sera prisé. A qualité égale, un alcool blanc (non-vieilli) est regardé comme inférieur et moins précieux qu’un alcool brun.

Assez logiquement, cette recherche de qualité se répercute sur les prix, de sorte qu’un vieux cognac se paie rubis sur ongle quand on trouve un peu partout du tord-boyaux insipide à petits prix.

Entre ces deux extrêmes, il existe toutefois des exceptions. Il n’est par exemple pas rare qu’un fabriquant de gin premium justifie le prix de ce dernier par la sélection des herbes qui servent à sa production, quand bien même celui-ci n’est pas conservé durant de longues années. Inversement, on retrouve des alcools bruns trafiqués dont la couleur ambrée est davantage le fruit de manipulations chimiques et de sucre ajouté que de l’écoulement du temps.

 

Au vu de ces arguments, comment comprendre le prix affiché du cocktail Flawless ? Pour justifier une ardoise de £35.000 le verre, pas de doute qu’on y retrouve la crème de la crème, soit une large dose de cognac Louis XII, une demi bouteille de champagne rose Cristal, du sucre brun, de l’angustura et des feuilles d’or 24 carats. Le tout offre une boisson qui réchauffe et rafraîchit à la fois – on croira le barman sur parole.

Ceci dit, ce qui explique le prix exorbitant du cocktail ne se savoure pas avec la bouche, mais se déguste avec les yeux. Chaque verre est en effet servi avec, au fond, une bague sertie d’un diamant 11 carats. De plus, le/la client(e) qui commande un cocktail Flawless bénéficie, en plus d’un espace réservé, de la protection rapprochée de deux gardes du corps pour déguster sa boisson en toute quiétude. Surtout, il y a fort à parier que le temps d’un instant, il/elle sera le centre d’attention de tout le club, ce qui n’a pas de prix … enfin, on imagine.

Face à l’indécence du prix d’un tel cocktail – rappelons au passage qu’environ 22% de la population mondiale vit avec moins de 1,25$/jour – Max Reigns, un promoteur immobilier de 28 ans qui en a offert un à sa copine aurait nonchalamment répondu au Guardian qu’après tout, c’était à peine le prix d’un séjour en vacances. Pauvre Max. Comme quoi, les valeurs, c’est comme les goûts et les couleurs …